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Le jardin d'amexour

Le jardin d'amexour

Parfois de raison, souvent d'intuition, de philologie et des philosophies en général, ce semble pouvoir être l'objet de ce blog... Si cela ne peut seul le décrire totalement, il en reste cependant le principal moteur !


L’EXISTENCE et le TEMPS

Publié par Amexour sur 20 Août 2018, 12:30pm

L’EXISTENCE et le TEMPS

 

Qu’est-ce que le temps ? Que signifie exister ? Outre toute considération d’aiôn[1]ou du temps des cerises et de celui qu’il fait, c’est-à-dire des saisons, de la température ou des différents aléas climatiques considérant le temps, qui mieux que ces deux phrases, en suivant et tirées du Livre XI des Confessions de Augustin, peuvent à elles-seules illustrer la première de ces deux interrogations : c’est-à-dire, lorsqu’il dit que Si personne ne (lui) demande, (il) le sait et que si quelqu’un pose la question et qu’il veuille l’expliquer, il ne le sait (alors) plus ? En effet, rien ne paraît moins vrai a priori, tant le temps nous est compté, et qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, de le définir ; car, chacun vivant comme si il était éternel, tous le perdent d’en oublier qu’ils ne sont immortels, disait Sénèque[2]. Concernant ensuite l’existence et, s’ils sont nombreux à en donner des définitions, on peut à loisir choisir de l’illustrer par l’aphorisme « sartrien » selon lequel l’existence précède (selon-lui) l’essence. S’opposant au néant, de exsistere, en latin, sortir de, s’élever, exister c’est aussi être présent au monde, être dans la réalité mais aussi dans la durée, c’est être en vie. Ainsi, de s’interroger sur l’existence de l’homme, sur ce qui le caractérise ? Et s’agissant de la nature, du monde, de l’homme et de sa condition naturelle, sociale : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Quel lien, enfin, peut-il y avoir entre cette existence – et, telle une graine qui germe, cette élévation vitale –, que l’homme entretient avec le temps, si indéfinissable soit-il ?

                                                                                                                

  • Avec Héraclite (vers 576-480 av. J.-C.), tout d’abord, l’homme n’échappe pas au temps qui s’écoule. Il ne peut demeurer tel ; il lui faut en prendre conscience, car on ne peut pas entrer une seconde fois dans le même fleuve, car c'est une autre eau qui vient à vous ; elle se dissipe et s'amasse de nouveau ; elle recherche et abandonne, elle s'approche et s'éloigne. Nous descendons et nous ne descendons pas dans ce fleuve, nous y sommes et nous n'y sommes pas. Ce qui, en creux, peut signifier l’idée selon laquelle on ne peut être, avoir été et demeurer tout dans le même temps qui passe. Autrement dit, l’existence est liée au temps – historique[3] –, tant ce dernier semble être le médiateur du premier. Mais de cette intermédiaire et, du temps à l’adresse de ce qui existe, s’agit-il forcément d’un temps quantifiable ? Autrement dit, le temps peut-il être comptabilisé, a-t-il une valeur nécessairement numérique, ou est-ce autre chose ? Aristote (384-322 av. J.-C.) dans sa Physique, soutient que : Le temps n’est pas un mouvement mais ce par quoi le mouvement a un nombre[4]. De rajouter Et comme le mouvement est sans cesse autre – comme le dit aussi Héraclite de même en est-il du temps [...]. Pour Aristote, le temps est alors celui de l’occasion, le kaïros, en grec : S'il n'y a qu'une façon de faire le bien, il est bien des manières de le manquer. L'une d'elles consiste à faire trop tôt ou trop tard ce qu'il eût fallu faire plus tard ou plus tôt. Les Grecs ont un nom pour désigner cette coïncidence de l'action humaine et du temps, qui fait que le temps est propice et l'action bonne : c'est le Kairos, l'occasion favorable, le temps opportun[5]. Il n’est donc pas (seulement) le temps de chronos – c’est-à-dire celui qui se quantifie en terme d’espace-temps, mais plutôt le kaïros, autrement dit encore l’occasion favorable et opportune pour agir – adéquate pour reprendre Spinoza –, le temps favorable et celui qui convient à la situation du moment, l’instant propice.

 

  • Ainsi, de ce temps de l’action, surgit pour ainsi dire l’existence de l’être, dans son mouvement. Et avec Spinoza (1632-1677) et son concept de conatus, on doit alors considérer l’existence comme l’effort pour exister[6] et, à proprement dit, le fait de persévérer dans son être tout d’abord. Autrement dit, l’effort pour continuer à être vivant, pour continuer à vivre dans l’être et donc cet effort pour exister le plus longtemps possible – dans le temps, comme nous le dit Misrahi. Ensuite, avec Bergson (1859-1941), ce n’est pas le temps mais davantage la durée qui est privilégiée ; non le temps comme quantité – d’espace-temps en l’occurrence –, mais bien plutôt comme durée vécue, comme qualité (vitale) comme mémoire, comme trait d’union entre le passé et l’avenir.

 

Ainsi, si l’on dénombre trois temps différents : l’aiôn, le temps des cycles de la vie, le kaïros, le temps métaphysique et chronos, le temps physique, avec Bergson le lien entre temps et existence est fait : le temps devient durée, l’existence, vitalité (temps vécu). C’est là, toute la coexistence de la conscience de l’homme au rapport du temps qui passe de la durée qui dure , mais aussi toute une expérience vitale et singulière que Sartre (1905-1980) conceptualisera comme création (humaniste) au travers de son existentialisme et selon laquelle toute action humaine se doit d’être emprunte de liberté, d’engagement et de responsabilité. Il ne faudrait donc pas parler d’existence et de temps, mais peut être davantage de conscience et de durée ; en somme, prendre conscience de la durée de la vie et de l’existence humaine. Mais il semble alors difficile de définir le lien entretenu entre l’existence et le temps, car subjectif. Ceci dit, l’homme ne se distingue-t-il pas des non-humains par sa conscience du temps, passé, présent et futur ? À l’instar de nos représentations encore limitées de l’univers, de l’heuristique du principe d’économie (cf. rasoir d’Ockham) et des physiques générale et quantique réunies , si comme le pensait Einstein (1879-1955) Dieu ne joue pas aux dés, pour ne pas rester dans l’incertitude, alors il reste à l’homme de découvrir ce qui l’empêche de connaître les secrets de l’existence et du temps...

 

[1] Ledit aiôn terme grec représentant une des trois divinisations du temps à en croire les interprétations bergsonienne, puis deleuzienne, que tous deux opposent à Chronos , pourrait s’expliquer en terme de durée, alors non quantifiable, non mesurable...

[2] In De la brièveté de la vie, chapitre III, § 2-4.                                                                          

[3] Et donc l’histoire au sens de l’évolution, c’est-à-dire du passé, du présent, et du futur. Autrement dit, de ce qui était, à présent révolue, de ce qui est, dans l’instant, et de ce qui sera, dans l’avenir.

[4] Par nombre, ici, il faut entendre une mesure numérique du temps.

[5] Cité par Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote, Paris, PUF, 1963, pp. 96-97.

[6] Comme le dit Robert Misrahi : cf. lien https://www.youtube.com/watch?v=tt-0TYjoLGg consulté le 19 août 2018.

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