Alors ? faut-il encore s'entendre sur le sens des mots, sur la dialectique de cette histoire. "Légitimité civilisatrice", "croisade nécessaire", "affairisme" ou pas ? etc...car, si l'histoire rend compte de faits et autres errements humains en tous genres, le sens de ceux-ci restent conditionnés et conditionnels à l'interprétation même qu'on en fait; l'histoire est d'autant déterminée par les actions humaines que par une certaine morale contemporaine ; et, à la condition préalable d'acception il faut daigner entendre, comprendre pourrait-on dire ce qu'elle nous révéle, eu égard à tout un contexte originel, idéel ("ethno-anthropo-sociologico-historico-philosophique") surtout, en somme comme à un dépassement synthétique des phénomènes eux-mêmes; voire, à une subjectivité par trop réductrice parfois, d'une appropriation un peu facile souvent ; pourquoi pas à accepter un dé-passement souvent radical des faits eux-mêmes... (Dixit. cf. Léopold II "véritable croisade digne de ce siècle de progrès"[...] "L'Etat indépendant du Congo"; "drapeau et domaine de la couronne"[...] qu'il revendra à son propre conmpte en Belgique, payer par les deniers du peuple belge, donc...).
Ne pourrait-on y voir quelques similitudes, toujours, et avec les évènements orientaux actuels (arabes avec les libyens et maintenant les syriens), africains, est-européens en général et de façons bien trop raccourcies bien sûr dans cette énumération non exhaustives il va sans dire...).
L'historien (1903-1992) s'attacha à explorer l'histoire, sa science de prédilection, sur des thématiques allant de Napoléon à Pétain en passant par Rousseau (cf. sa remarquable préface "Les Rêveries du Promeneur solitaire" aux Editions Rencontre Lausanne-1963).
"SILENCE AUX PAUVRES !"
Henri GUILLEMIN
1989
"L'histoire sérieuse, l'histoire historique comme disait, en souriant, Péguy, n'a pas encore mis en lumière la place qu'a tenue, dans la Révolution française, et dès le début, la crainte, chez les possédants, d'une menace sur leurs biens.
Ce qu'il faut savoir, et capitalement, c'est que, dès la réunion des états généraux, une grande peur s'est déclarée chez les honnêtes gens (les gens de bien, les gens qui ont du bien, des biens), face à ceux que l'on va exclure du droit de vote et de la garde nationale, les non-possédants, les gens de rien. Robespierre est un des rares - des très rares - révolutionnaires à souhaiter chez les exploités (des champs et des villes) une conscience-de-classe. Et tout va se jouer sur ce même sujet, avec l'épouvante (croissante pendant plus de cinq ans) de ceux qui ont en présence de ceux qui n'ont pas, qui n'ont rien et qu'il s'agit, à tout prix (et constamment), de surveiller et de contenir d'abord par le déploiement avertisseur de la force, le 14 juillet 1790, ensuite par son usage crépitant et persuasif, le 17 juillet 91.
Cet oubli et quelques autres, ainsi qu'un prétendu dérapage de la Révolution, ont provoqué chez Henri Guillemin un état violent d'insupportation qui, on le verra dans ce livre, a donné la fièvre à son stylo.
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La Convention a tenu sa première séance le 21 septembre, et Danton prononce un discours où figurent les mots-clés qu'exige le moment : "Peuple français, sois rassuré ! Voici la République. Tu n'as que des bienfaits à attendre d'elle, et quant aux propriétés, quelles qu'elles soient, elles seront éternellement respectées, protégées". Cet adverbe est inusuel dans la langue juridique. Mais, pour l'apaisement des esprits au lendemain d'une aventure pareille à celle du 10 août, rien ne saurait être excessif dans la solennité des promesses concernant la fortune acquise, sa liberté d'accroissement et sa pleine sécurité. »
H. G.
Remerciements à Étienne Chouard sur Blog du plan C, pour une Constitution Citoyenne, écrite par et pour les citoyens